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Marcnews

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Spirale du mensonge : est-il plus difficile de mentir à l'Assemblée nationale qu'à sa femme ?

Publié par MaRichesse.Com sur 3 Avril 2013, 15:48pm

Catégories : #RELATIONS

Jérôme Cahuzac passe aux aveux

 

Atlantico : Jérôme Cahuzac a évoqué une "spirale du mensonge". Quelle est la définition de la spirale du mensonge ?

Jean-Paul Mialet : Le mensonge appelle le mensonge. Pour ne pas se recouper, il faut inventer de nouveaux mensonges quand sont évoqués autour de soi des faits qui pourraient être contradictoires et attester de la tromperie.

 

 

A partir de quand devient-on prisonnier de son mensonge ? Quelle est la différence entre un petit menteur et un menteur chronique ?

Tout dépend de l’enjeu. Le mensonge peut couvrir des faits mineurs sur lesquels il ne sera jamais fait enquête : ils feront partie du passé sans que l’on ait à y revenir et le mensonge restera une tricherie isolée. Quand un mensonge travestit des faits graves - une inconduite condamnable que l’on ne veut pas révéler - il faut faire face à des questions auxquelles on doit répondre en mentant pour maintenir une cohérence. De même lorsque le mensonge recouvre des faits qui se prolongent dans la vie quotidienne, comme l’infidélité d’une "double vie".

 

Le petit menteur est un menteur occasionnel qui travestit la vérité pour la rendre plus acceptable quand il sent que la révélation crue des faits sera inutilement dangereuse et douloureuse. Toute vérité n’est pas bonne à dire. Il peut même être utile de mentir pour servir de bonnes causes : c’est tout l’art délicat de la diplomatie. Le petit menteur n’aime pas forcément le mensonge et le pratique par nécessité. A l’inverse, le menteur chronique aime entretenir une fiction qui le met en valeur ou qui maintient sur certaines de ses faiblesses un voile pudique. Il peut également jouir de son pouvoir d’abuser l’autre, de lui raconter des histoires auxquelles il adhère. A l’extrême, on tombe dans cette pathologie qualifiée de "mythomanie" correspondant à une mise en scène de sa vie dans laquelle on s’abuse en abusant l’autre. La spirale de mensonge devient alors une façon d’être qui d’ailleurs, comme me le confiait un patient, réclame une grande mémoire…

 

 

Le mensonge est-il différent selon le contexte ? Est ce que mentir à une autorité, un juge est comparable à mentir à sa mère ?

Il y a en effet des mensonges « véniels ». L’enfant apprend très tôt à mentir pour concilier ses intérêts propres et sa peur de perdre l’amour de sa mère : ces petits mensonges de l’enfance ne doivent pas être encouragés – ils doivent même être réprimandés - mais ils correspondent à une première prise d’autonomie. Ultérieurement, savoir se servir utilement du mensonge peut représenter une force : pas de relations sociales possibles sans une certaine hypocrisie. Mais certes, mentir à un juge est d’une toute autre nature. Cependant, lorsque l’on est conduit à comparaître devant un juge ou une autorité, c’est que l’on a pris la liberté de mentir pour des faits qualifiés de graves par la société dans laquelle on vit : pourquoi ne continuerait-on pas à mentir devant les tribunaux de cette société alors que l’on n’a pas hésité à franchir les limites autorisées par son tribunal intérieur ? Dans ce cas, deux éventualités : soit on se dit en accord avec les valeurs de la société, et le mensonge révèle une imposture ; soit on s’y oppose et le mensonge résulte d’une révolte : je suppose que les résistants n’avaient pas grand scrupule à mentir devant les autorités d’occupation. Tout est finalement une question de jugement intime sur les motivations qui conduisent à mentir, c'est-à-dire de morale personnelle…

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