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Notre devoir citoyen envers la presse béninoise

Publié par MaRichesse.Com sur 11 Octobre 2012, 00:42am

Catégories : #NEWS

benin.jpgA Abomey, Niki et Versailles, les histrions n’avaient de cesse d’inviter le peuple exploité, volé et pouilleux à considérer la bonté du roi et la magnificence du royaume. En république et en démocratie, il en va tout autrement, puisque les journalistes doivent renvoyer aux dirigeants élus le véritable état de la nation et les desiderata du peuple électeur, qui entend n’être exploité ni volé.

De ce point de vue, et depuis 2006, l’on observe au Bénin un spectacle détonnant devenu d’une claire et troublante évidence : sur les genoux, et la langue longue á lécher les bottes du Prince, la presse béninoise, se dérobant à sa vocation de veille et d’éveil, est devenue la ‘‘voix de son maître’’, comme aux temps des monarchies et des histrions. Elle ronronne la chanson du ‘‘Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, Madame la Marquise s’est réveillée á cinq heures’’. A se rappeler l’endormissement général du peuple malien voulu par le président AmaniToumani Touré au motif de consensus, et à voir aujourd’hui le vide engendré à Bamako par l’absence de débat et le chaos entraîné par ce vide à Tombouctou, Gao et Kidal, on se dit que le Bénin de l’intimidation et de la ‘‘dictature du développement’’ doit se ressaisir, et qu’il devient un devoir citoyen d’exiger de la presse béninoise qu’elle se redresse et laisse aux valetsle soin de cirer les bottes.

 

 

Le devoir de la presse ne peut être de lécher les bottes du Prince pendant que le Front Citoyen pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques, dans sa déclaration du 24 septembre 2012, voit en la LEPI ‘‘un instrument inexistant tant du point de vue technique que juridique en raison de sa non publication à ce jour comme l’a prescrit la loi N° 2009-10 du 13 mai 2009’’, stigmatise ‘‘les propos régionalistes voire divisionnistes du Chef de l’Etat’’, ‘‘exige le départ immédiat de notre pays des Représentantes de l’UE et du PNUD pour ingérence dans les affaires politiques de notre pays’’, ‘‘dénonce avec la dernière rigueur (sic) les atteintes répétées aux libertés publiques et à la libre expression des citoyens’’, etc. Trop c’est trop, pourrait-on dire, en s’étonnant que la presse béninoise n’ait pas cherché à investiguer et à informer sur le bien-fondé ou le mal-fondé de ce cri d’alarme de citoyens éminemment responsables.

Le devoir de la presse ne peut être le spectacle, passablement surréaliste, qu’offre régulièrement l’ORTB, relayé souvent par une chaîne de télévision privée,étonnamment flapie et endormie depuis l’aube des temps dits de Changement : ministre soliloquant au sujet des supposées performances de son ministère, face à un journaliste-histrion transi de respect et d’acquiescement ; défilé de prédicateurs à la petite semaine hurlant à se fendre gosier la bonté et la grandeur de Dieu, comme si les Béninois en avaient jamais douté ; coups de fusil parce que le papa du DG fut chasseur ; guérisseurs de tout poil couverts de perles chamarréeset dévidant pour les beaux yeux des téléspectateurs des recettes mirifiques, jusques et y compris celle grâce à laquelle on ne manquera jamais de quoi manger à la maison – et le journaliste-histrionoublie de demander si elle fonctionne parfaitement en cas de refus total de travailler. Opium et silence.

Le devoir de la presse ne peut être de se taire sur les graves problèmes de gouvernance, de chômage, de baisse du pouvoir d’achat, etc., en laissant les membres du gouvernement, les théologiens analphabètes et les thaumaturgesde gouttièrevendre aux citoyenstombereaux de songes et mensonges. Certes, ce silence et ce commerce plaisent au Prince, mais ce qui l’arrange plaît rarement au peuple. Lorsque, de gré ou de force, la presse fait le jeu unidimensionnel du Prince, ce sont les barbares qui assiègent Berlin et Tombouctou, derrière la bannière ‘‘Dieu avec nous’’, dont le corollaire obligé est ‘‘Dieu contre le peuple’’. Les Allemands s’en souviennent encore, les Maliens, brutalement rebaptisés Azawadiens, ont commencé à le savoir. Voilà pourquoi notre devoir citoyen est d’appeler la presse béninoise à quitter le couple consensus-opacité, forcément anti-peuple, pour embrasser le couple transparence-débat, qui est celui que le peuple aime.

 

(Par Roger Gbégnonvi)

 

 

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