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Marcnews

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Conseils, science, sante et bien-être


Bébé: les mères ont-elles le choix d'allaiter ?

Publié par MaRichesse.Com sur 31 Mars 2013, 23:57pm

Catégories : #SANTE-BIEN-ETRE

allaitement 1

L’allaitement est de plus en plus plébiscité par les femmes en France. Pourtant, de nombreuses mères disent ressentir une pression culpabilisante de la part des professionnels et de leurs proches. Enquête. 


Le lait maternel, la panacée

« Je me rappelle d’une auxiliaire qui a laissé sous entendre que je ne souhaitais pas réellement nourrir ma fille. » « Vous verriez ce qu’elles m’ont fait. Un défilé de blouses : "alors c'est vrai que vous ne voulez pas allaiter?" "Non mais vous vous rendez compte que c'est dommage, quand même !" Avec des tons bien culpabilisants. » Avalanche de messages de ce type depuis la publication d’un appel à témoins sur notre page Facebook. Autant de témoignages qui confirment que la pression sociale en faveur de l’allaitement maternel existe bien et qu’elle est même considérable. La psychanalyste *Myriam Szejer qui intervient auprès des mères à la maternité Antoine-Béclère (Clamart), le regrette amèrement : « Les femmes qui ne souhaitent pas allaiter se sentent de plus en plus en marge, on leur fait ressentir qu’elles ne font pas ce qu’il y a de mieux pour leur enfant. C’est extrêmement difficile pour elles. » Depuis que l’OMS a recommandé l’allaitement exclusif pendant les six premiers mois du bébé, tous les experts plébiscitent le sein. En s’appuyant sur de nombreuses études, la Haute Autorité de Santé a validé ces recommandations. N’en déplaise à ceux qui estiment que ces préconisations ne concernent que les pays pauvres.

 


Une pression d’abord sociale ?

Le lait maternel est partout encensé : dans les médias, les cours de préparation à la naissance, en salle d’accouchement… On ne compte plus les campagnes officielles, journées mondiales, grandes tétées, destinées à soutenir l’allaitement. Et ça marche ! 85 % des femmes souhaitent aujourd’hui allaiter en France. Le problème, c’est que cette promotion incessante se transforme parfois en matraquage, comme l’observe la gynécologue Odile Buisson. « Un conseil, quand il est répété à plusieurs reprises, ce n’est plus une proposition, c’est une pression, dénonce l’auteur du livre choc « Sale temps pour les femmes », ed. Jean-Claude Gasewitch. Mais elle est insidieuse, c’est un « soft power » qui devient très délétère sur la vie des femmes. »  La pression, Mélodie l’a plutôt ressentie de la part de ses proches. « A la maternité, ils ont respecté mon choix, raconte la jeune femme. Les réactions extrêmes, je les ai ressenties de la part de mes proches. J’ai même entendu. "Tu ne vas quand même pas nous dire que tu es fatiguée alors que tu n’allaites pas. " » Pour Myriam Szejer, « la pression est davantage exercée par le social et que par le médical : les médias, les pouvoirs public et les familles. De nombreux pères exigent maintenant de leur femme qu’elles allaitent. Mais où va-t-on ? », s’indigne la spécialiste de la maternité. Dans ce contexte en effet, comment les mères peuvent-elles choisir le biberon ou renoncer à allaiter sans culpabiliser ?

 

 

Pression… et manque d’accompagnement

Du côté des associations pro-allaitement, le son de cloche est différent. « Les bienfaits du lait maternel sont souvent minimisés, regrette Aurélie Serry, présidente de la Coordination pour l'allaitement maternel (COFAM). On laisse croire au public comme aux professionnels de la santé que ça reviendrait au même d’allaiter et de donner un biberon. » Elle ajoute : «  Il faut arrêter  d’opposer les femmes entre elles mais leur donner les moyens de pouvoir faire un choix éclairé. » Près de 70 % des Françaises allaitent à la maternité. Ce pourcentage tombe à 54 % à la fin du premier mois. Beaucoup de femmes, pourtant motivées, renoncent ou abandonnent vite. Paradoxalement, alors que les mères sont de plus en plus nombreuses à choisir d’allaiter, elles sont peu soutenues dans ce choix personnel. Récemment, un groupe de jeunes parents se mobilisait via une pétition pour dénoncer le manque d’accompagnement des mères dans leur allaitement. « Les soignants ne sont malheureusement pas assez formés pour répondre aux patientes qui rencontrent des difficultés dans leur pratique quotidienne de l'allaitement. Beaucoup de femmes souffrent de la situation, sont souvent perdues face à des conseils contradictoires », écrivait Nathalie Delavarenne, à l’origine de l’initiative. A la maternité, Christine a rapidement eu un engorgement aux seins. « La nuit, on m’aidait à allaiter mon bébé. Et le jour on me disait que je n’y arriverais jamais. Du coup j’ai abandonné », se rappelle cette mère de deux garçons. « Quand ma fille est née, on me l’a posé sur mon sein et basta, raconte de son côté Sophie. Je ne savais absolument pas quoi faire. Il faut arrêter de croire que l’allaitement est quelque chose d’inné. » Marie-Josée Keller, présidente du Conseil de l’Ordre des sages-femmes dresse le même constat. « Il y un manque de formation et de disponibilité des professionnels dans les maternités. C’est le revers de la médaille de l’hypermédicalisation. Il n’y a plus ce temps d’accompagnement à l’allaitement. » Après l’accouchement, les femmes traversent une période de fragilité intense. « Quand elles rentrent chez elles, elles se retrouvent dans une solitude extrême, observe Myriam Szejer. Il y a assez peu de solidarité autour des accouchées aujourd’hui. Après la naissance les femmes ont besoin de soutien et d’écoute, plus que de conseils sur l’allaitement. »

 

*auteure avec René Frydman de « La naissance, histoire, cultures et pratiques d’aujourd’hui » chez Albin Michel.

 

Candice Satara-Bartko

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