L’histoire derrière cette photo de la police chinoise

L'exemple d'une police au service du citoyen ou voici comment la police chinoise a mis une heure pour retrouver mon téléphone perdu dans un taxi dans une ville de 25 millions d'habitants.
de Jean-Paul Pougala 

Nous sommes le 2 Novembre 2023, je viens de finir ma visite au Canton Fair et je prends le taxi pour me rendre chez ma comptable.

C'est en sortant du taxi que je me rends compte que j'ai oublié mon téléphone sur la banc arrière du taxi. 

Je m'affole, parce que c'est sur ce téléphone que j'ai tous mes contacts et surtout les rendez-vous programmés de longue date avec les partenaires chinois. 

Quand je monde au bureau de l'experte comptable et lui raconte mon désarrois, elle me réponds : pas de panique, la police va t'aider à retrouver ton téléphone. 

Le problème est que ce jour-là, j'avais oublié de demander le reçu de ma course à la sortie du taxi. Donc, je ne comprenais pas comment la police pouvait procéder pour retrouver mon téléphone. 

Elle appelle l'organisateur de la foire, qui me demande de rentrer là où j'avais j'avais pris le taxi et une fois sur place, je parle avec l'agent qui organise la queue pour prendre le taxi. Il me demande d'attendre sur la banc à côté. Quelques minutes plus tard, un monsieur vient me prendre pour m'accompagner au poste de police de la foire de Canton.

Quand j'explique mon problème, le policier me répond : ce n'est pas un grand problème, nous allons retrouver ton téléphone.

Il met sur pied une task-force de 3 personnes sur la photo, dont deux policiers et une stagiaire à ma droite sur la photo, qui nous sert d'interprète chinois-anglais.

L'équipe me pose quelques questions :

Le taxi que tu as pris était de quelle couleur ? 

Je ne comprends pas bien la question, mais c'est en ce moment que je découvre que dans la ville de Guangzhou, ce n'est pas un hasard si les taxi sont de 3 couleurs : jaune, rouge et vert. 

Tout ce qu'on me demande de m'efforcer à faire, c'est de me rappeler la couleur de mon taxi. Et il était vert.

Les policiers me disent alors que cela les aide beaucoup dans leur recherche; car en me souvenant que mon taxi était de couleur verte, cela leur permettait d'éliminer les taxi de couleur jaune et rouge, et donc, d'éliminer les 2/3 des taxi de la ville de 25 millions d'habitants. 

Les policiers s'enferment alors dans une pièce à côté. 

10 minutes après, un policier sort et me donner la bonne nouvelle : ils ont trouvé mon taxi et ils ont parlé au chauffeur qui avais déjà retrouvé mon téléphone signalé par le client suivant.

Et comme il faisait sa course, il promet de venir vers nous à la fin de cette course.

Quelques 30 à 40 minutes plus tard, il se présentait au poste de police avec mon téléphone. 

Comment avaient-ils procédé ?

Ayant éliminé les taxis jaune et rouge, il ne leur restait plus que de visionner pendant les 10 minutes les caméras de vidéo-surveillance de l'heure à laquelle je leur avais dit d'avoir pris le taxi. En ne s'arrêtant que sur les taxis verts. 

Il a ensuite suffi de trouver la séquence de ma vidéo entrant dans mon taxi, pour avoir son numéro et donc, son téléphone personnel enregistré à la police, mais aussi son code de communication privé de la fréquence civile attribuée aux taxis verts. 

La récompense ?

La loi chinoise dit que vous devez donner 100 Yuans à celui qui a trouvé votre téléphone (10.000 FCFA), mais je voulais donner au taximan 200 yuans, tellement j'étais content de revoir mon téléphone.

Et les policiers de me répondre : la loi est très claire là dessus : 100 yuans, pas plus, pas moins. 

Il ne me restait que de faire cette photo avec mon téléphone perdu, et à peine retrouvé, en souvenir d'un jour spéciale, avec une pratique de l'éthique de la part des forces de l'ordre chinoises qui peuvent et doivent servir d'exemple non pas aux policiers africains, mais aux politiciens de notre continent, pour mettre sur pied un système administratif et sécuritaire, vraiment au service du citoyen. 

Mais la question reste : peut-on avoir des citoyens honnêtes avec des politiciens voleurs, corrompus ? 

Peut-on avoir des policiers avec un tel acharnement à leur travail, si les politiciens qui les ont mis là, passent leur temps à regarder la télévision dans leurs bureaux ? 

La Chine a inculqué à ses 1,4 milliards de citoyens que ce qui n'est pas à toi, ne doit pas être confisqué, parce qu'il n'est pas à toi et doit être restitué à son propriétaire. 

C'est le passager après moi qui a signalé et donné mon téléphone au chauffeur. On a aussi ce comportement chez nous en Afrique. Le seul problème est qu'il s'agit des gestes exceptionnels. 

Et je ne manquerais jamais d'encourager ceux qui, même si noyé au milieu des requins, et des malhonnêtes de tout genre. 

Les policiers ont refusé tout pourboire venant de ma part en me disant : nous sommes la police chinoise !  

En d'autres mots, nous sommes une police non seulement non corruptible, mais surtout, au service du citoyen, une police amie du citoyen. Le clin d’œil à la police américaine qui tue les Noirs était bien sûr dans l'air. 

Je comprends maintenant pourquoi les pays comme la France, l'Italie ou la Hongrie ont supplié le gouvernement chinois d'envoyer la police chinoise patrouiller à Paris, à Rome à Budapest pour assurer la sécurité des touristes chinois, souvent agressés et spoliés par les bandits que les polices de ces pays n'arrivent jamais à retrouver. 
 
Et cela m'a beaucoup marqué en me demandant ce qui serait passé si j'avais eu à faire aux policiers d'une ville comme Paris, New York, Douala ou Yaoundé. 

Que pensez-vous que ce serait passé ?

Jean-Paul Pougala