Se lancer en affaires à 50 ans et plus, pourquoi pas?

«Mon projet d’entreprise, c’est comme ma retraite, c’est le projet qui me tient le plus à coeur». Céline Rivard est «une jeune entrepreneure». À 56 ans, elle a décidé de démarrer Bras Berçants, une entreprise qui commercialise une chaise de relaxation qu’elle a imaginée. 

Céline n’est pas la seule à se lancer en affaires à un âge où plusieurs pensent plutôt à la retraite. 

Dans un récent rapport, la Banque CIBC nous apprenait que les 50 ans et plus comptent désormais pour 30 % des nouveaux entrepreneurs au pays. Dans les années 1990, leur contribution était sous la barre des 15 %. Selon la banque, cette tendance va de pair avec le vieillissement de la population. 

Cette propension plus marquée des baby-boomers à démarrer leur entreprise ne surprend pas Jules Cossette, chef de la recherche, Entrepreneuriat, à la Fondation de l’entrepreneurship. Il constate lui aussi que les nouveaux entrepreneurs de plus de 50 ans est un phénomène qui prend de l’ampleur. «Depuis 20 ans, le profil de l’individu sur le marché du travail est différent. La Liberté 55, ce n’est plus vraiment possible maintenant.»

50 ans et toutes ses dents

«De nos jours, on est en santé plus longtemps, et à 50 ans on a les reins plus solides financièrement qu’à 25 ans», dit M. Cossette qui souligne que pour se lancer en affaires, il faut des idées, bien sûr, mais surtout des capitaux. 

Elsa Bruyère, directrice générale du Centre d’entrepreneuriat féminin du Québec (CEFQ), est du même avis. «Le capital et le financement sont des aspects importants lorsque l’on démarre son projet. À 50 ans, on sait mieux vendre son projet, et on le présente mieux… donc on a forcément plus de facilité à obtenir du financement», dit-elle.

Autre élément important qui joue en faveur des 50 ans et plus : l’expérience. «Un projet qui marche est un projet qui a un réseau, et l’on possède un meilleur réseau à 50 ans! », dit-elle.  

De salarié à chef d’entreprise

Mais pourquoi prendre un risque d’affaires à un moment aussi important de sa vie active ? «À plus de 50 ans, si on décide de lancer son entreprise, on choisit nécessairement quelque chose qui est plus dans ses cordes. On a la possibilité de réajuster ses choix avec ce qu’on est devenus à 50 ans», souligne Céline Rivard.

Pour Elsa Bruyère, il y a trois motifs principaux de se lancer en affaires à 50 ans et plus. D’abord, pour les femmes, c’est l’occasion d’avoir une 2e carrière, une fois les enfants devenus grands, et de se consacrer à un projet mis en veilleuse. Ensuite, l’expérience motiverait certains à s’investir dans un projet plus personnel en lien avec leurs compétences. Enfin, les possibilités d’emploi pas toujours roses pour les «séniors» influenceraient certains à se consacrer à une entreprise qui leur est propre.

Peu importe la raison, Céline Rivard, elle, voit ce contexte de démarrage tardif comme une occasion: «Je voudrais finir ma vie professionnelle avec ce projet-là, et peut-être même le léguer à mes enfants ». 

La retraite? Non, merci.

Par Annabelle Moreau