La Corée du Nord est le pays le plus opaque pour les services de renseignement américains, malgré une surveillance "en permanence" du pays, selon le détail du budget des seize agences de renseignement américaines révélé par le Washington Post.
"Les gouvernements d'Iran, de la Chine et de la Russie sont difficiles à pénétrer, mais la Corée du Nord est sans doute le plus opaque. Il y a cinq trous 'béants' des services de renseignement américains sur les programmes nucléaire et balistique de Pyongyang, et les analystes ne savent pratiquement rien des intentions du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un", explique le quotidien américain.
Selon le journal, "une section [du document obtenu par le Washington Post] sur la Corée du Nord indique que les Etats-Unis ont complètement entouré le pays doté de l'arme nucléaire par des plateformes de surveillance". Analyse d'échantillon d'air, contrôle de l'activité sismique, imagerie infrarouge : tout est mis en œuvre pour observer l'activité nucléaire de la Corée du nord.... en vain.
ENRICHISSEMENT D'URANIUM PASSÉ INAPERÇU
Ces révélations ne font que confirmer ce qu'avançaient de nombreux experts. En décembre 2011, Séoul et Washington avaient appris la mort de Kim Jong-il, père de Kim Jong-un, par les médias nord-coréens. Il s'était cependant écoulé 48 heures entre son décès et l'annonce. Comme le notait à l'époque le New York Times, "les services de renseignement asiatiques et américains ont échoué auparavant à détecter les développements importants en Corée du Nord".
"Pyongyang a construit une usine tentaculaire pour enrichir de l'uranium, ce qui est passé inaperçu pendant près d'un an et demi, jusqu'à ce que les responsables nord-coréens montrent l'installation, à la fin 2010, à un scientifique nucléaire américain. Le Nord a également aidé à la construction d'un réacteur nucléaire en Syrie sans que cela soit détecté par les renseignements occidentaux", indiquait le journal.
La Corée du Nord s'est dotée de l'arme nucléaire malgré les tentatives des grandes puissances – dont les Etats-Unis et la Chine – de l'en dissuader, et des condamnations de l'ONU. Après de fortes tensions au printemps dernier, marquées par des menaces directes envers les Etats-Unis, Pyongyang a fait plusieurs gestes d'apaisement. Dernier en date, le régime nord-coréen a accepté la proposition de Séoul de reprendre les réunions de familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953).