Actuellement, elles sont nombreuses ces filles et femmes qui, plateau sur la tête déambulent en longueur de journée dans les Ministère et départements de la capitale guinéenne ou dans certaines entreprises ou lieux publics à la quête de clients auxquels, elles proposent leur marchandise. Ces filles et femmes dont l'âge varie le plus souvent entre 15 à 30 ans vendent apparemment des marchandises de moindre valeur.
En effet, il se révèle de nos enquêtes que certaines d'entre elles se livrent volontairement à d'autres activités plus juteuses que leur petit commerce. Il sagit bien de la prostitution. Ce phénomène qui a pris de l'ampleur à Conakry se résumait au simple fait qu'il existe des lieux où les filles et femmes peuvent se rendre la nuit pour coucher avec des hommes moyennant quelques sous. Ce qui, selon elles, leur permet de joindre les deux bouts.
Cependant, de nos jours une autre forme de prostitution voit le jour. Celle-ci qui consiste à se rendre dans les lieux administratifs où le plus souvent, les responsables détiennent des lits pour leur sale besogne.
Selon les témoignages recueillis sur ces lieux, des responsables communément appelés coureurs de jupons se livrent à la prostitution même en pleine journée.
Un jeune employé dans un Ministère de la place que nous avons rencontré dans les coulisses, dénonce le comportement de ses chefs: « Ici, quand les vendeuses viennent avec leur marchandise, les chefs invitent ces filles à entrer dans leurs bureaux sous prétexte d'acheter leur marchandise. Mais, une fois à l'intérieur, ils leur font des avances moyennant une somme dargent et certaines acceptent. Cest pourquoi, elles passent tout leur temps dans ces bureaux. Il y a de ces responsables qui ont aménagé des petites chambres pour leur besoin. Cest très dommage mais, cest comme ça que les choses se passent ici. Pourtant, la plupart de ces hommes sont des pères de famille mais cela n'empêche qu'ils se livrent à la prostitution ».
Interrogées, certaines filles estiment que les lieux administratifs sont des Eldorados parce qu'elles gagnent facilement l'argent. Mlle Aminata Bangoura est vendeuse de fruits (bananes et oranges), elle explique : « Avant, je vendais moins mais, depuis que j'ai commencé à me promener dans les bureaux, je peux finir deux plateaux de fruits par jour. Surtout, j'ai rencontré un monsieur qui achète beaucoup de fruits avec moi. Souvent, il me donne gratuitement l'argent. Avec l'écoulement rapide de ma marchandise, je préfère passer la journée ici que d'aller me promener sous le soleil sans rien gagner ».
Pour les observateurs, cet acte indique que cette fille se livre à la prostitution, dans la mesure où l'argent quelle reçoit de cet homme n'est pas gratuit. Au contraire, car c'est souvent en échange de son corps.
Par contre, d'autres filles détestent cette pratique qu'elles qualifient de honteuse. « Moi, je vends les arachides et je passe tout mon temps dans les bureaux. C'est vrai que certains patrons me proposent de sortir avec eux en me donnant de l'argent ou en achetant tout ce que je vends. Mais, moi je n'ai jamais accepté ces genres de propositions parce que, ces hommes une fois qu'ils couchent avec toi, c'est fini. Ils ne t'accorderont plus de respect puisqu'ils ne cherchent qu'à se satisfaire. C'est quelque chose qui est très honteux pour toute personne qui échange son corps contre de l'argent. Moi, je refuse toujours leurs avances ». Se réjouit de dire Mlle Fatoumata Camara.
Par ailleurs, dautres femmes sont tout simplement victimes de harcèlement sexuel de la part des chefs véreux qui demandent leur corps en contre partie de tout autre service qu'ils voudront leur rendre.
Mme Soumah raconte ce qui lui est arrivé : « Mon mari est décédé depuis deux ans, il m'a laissée avec six enfants à nourrir et je ne reçois aucun soutien. Alors, j'ai décidé de vendre du riz pour pouvoir subvenir à mes besoins et ceux de mes enfants. Je passais toute la journée au marché et je ne gagnais rien cest pourquoi, j'ai décidé de venir voir le responsable de ce chantier pour qu'il me laisse vendre ici parce qu'il y a beaucoup de travailleurs qui peuvent venir manger aux heures de pause. Mais, le patron ma dit que si je dois vendre ici, je vais accepter de lui faire la coure. N'ayant pas le choix j'ai accepté ». Comme pour dire la pauvreté mène à tout.
En attendant que ces filles et femmes prennent conscience de cette pratique inhumaine, à laquelle elles se livrent volontairement, les hommes continuent à soffrir du plaisir dans leurs lieux de travail parce que l'occasion leur ait offerte.