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Marcnews

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France: la grande arnaque du travail dominical

Publié par MaRichesse.Com sur 1 Octobre 2013, 23:33pm

Catégories : #NEWS

Les salariés qui soutiennent le travail dominical veulent la majoration salariale «exceptionnelle» qui va avec, sans se rendre compte que si tous les magasins étaient ouverts le dimanche, celle-ci serait remise en cause.

Au centre commercial de Bercy, à Charenton Le Pont, le 29 août 2013. REUTERS/Charles Platiau

 

En 2011 Xavier Bertrand et Luc Châtel ont prôné la suppression du principe de repos dominical, et Nicolas Sarkozy et l’UMP ont soumis aux députés la proposition de loi Maillé qui visait déjà à remplacer la civilisation du loisir par la civilisation du caddie.

 

Nicolas Sarkozy, pour mieux déréglementer la durée du travail, s’était attaqué à nos dimanches. C'est cette loi de droite qui fut adoptée et qui réglemente le travail du dimanche et les ouvertures exceptionnelles de magasins depuis 2011.

 

 

Le Medef et le patronat des grandes surfaces n’ont pourtant pas cessé de violer la loi et, comme depuis vingt ans, continuent de faire du lobbying pour ouvrir le dimanche... et la nuit. Et ils continuent même contre la loi Sarkozy-Maillé.

 

Les Monop’ ou le BHV poussent pour ouvrir jusqu’à 22h, et s’ils obtiennent satisfaction, ils pousseront pour ouvrir toute la nuit. Les chaînes type Leroy Merlin contreviennent à la loi chaque dimanche depuis de longues années. Il y a va de la vie de 4 millions de salariés du commerce et assimilés.

 

Travailler pour une majoration qui disparaîtrait

Une nouvelle offensive, la dixième depuis vingt ans, surgit en septembre 2013 où une chaîne de parfums manipule quelques-uns de ses salariés... pour vendre du parfum la nuit! (sic). La chaîne organise une pseudo pétition de ses salariés autour d’une militante de l’UMP. Bien sûr les salariés qui la signent ne VEULENT pas travailler la nuit, ils veulent la majoration de salaire accordé la nuit!

 

Inouï: Sephora est allé jusqu’à pousser ses salariés à «attaquer les syndicats»... qui défendaient la loi! ET les grands médias d’enfourcher à fond le «buzz» là-dessus. Hélas, les salariés ne perçoivent pas que si tous les magasins étaient ouverts la nuit, ils perdraient la modeste majoration «exceptionnelle» qui leur est donnée.

 

Le consentement d’un salarié à l’exploitation illégale qu’il subit ne donne aucune légitimité à cette exploitation. Le Conseil d’Etat a toujours refusé de considérer que l’accord des salariés au travail du dimanche était un argument pour les patrons.

 

En droit du travail, le contrat se définit un «lien de subordination juridique permanent»: il n’y a pas de volontariat, c’est l’employeur seul qui décide du travail du dimanche ou de nuit, et qui verse ou pas la prime... J’ai vu des juges du tribunal d’instance de Paris qui refusaient d’entendre des salariés en audience lorsque ceux-ci étaient «cités» comme témoin par leur employeur en faveur du travail du dimanche: ils ne peuvent prêter serment car ils sont dépendants du patron.

 

Vandalisme social

Le Medef s’est fait le défenseur mensonger des entreprises, des salariés et des consommateurs: mais les petites entreprises n’ont pas intérêt à l’ouverture, elles périront. Les salariés n’ont pas intérêt à se faire exploiter jour et nuit et le dimanche, ils y souffriront et sans aucun avantage à la fin. Les consommateurs usagers finiront par être forcés de payer les plages d’ouverture plus longues, sans avoir davantage de sous dans leurs portefeuilles pour acheter plus.

 

C’est une forme de vandalisme social que de vouloir casser le repos dominical: celui-ci, collectif, est structurant socialement, tant pour la famille que la vie citoyenne, les loisirs, la vie associative, culturelle, sportive, etc. Le progrès véritable serait d’imposer deux jours de repos hebdomadaires pour tous. 

 

Pas de supprimer le seul qui existe. 

Certes, dans les secteurs de la santé, des transports, de certaines industries à feu continu et commerces précis (alimentation), des activités culturelles, le travail du dimanche s’impose. Mais la volonté doit être de limiter et non d’étendre ces cas. Pourquoi achèterait-on des fringues, des meubles ou autres produits non urgents le dimanche alors qu’on pourrait le faire le vendredi ou le lundi si les durées du travail réelles se rapprochaient vraiment des 35h?

 

Il n'y a pas de volontariat en droit du travail

Ce seront des femmes pauvres et précaires qui finiront par travailler le dimanche. En aucun cas il ne s’agira de «volontaires». On nous raconte des craques: le «volontariat» n’existe pas en droit du travail: seul le patron décide, jamais le salarié qui est «subordonné».

 

Certains patrons ouvrent déjà, dit-on. Mais ce sont des contrevenants! Sur environ 700.000 commerces, il y aurait 22.000 ouvertures autorisées, et quelques milliers de plus en fraude. Ceux-ci ne peuvent se prévaloir de leur turpitude et doivent être sanctionnés. Actuellement 5% des Français travaillent régulièrement le dimanche, et 20% épisodiquement [32% selon un document de l'Insee de 2012, NDLR]. Le système actuel oscille de façon équilibrée entre fermeté (interdiction) et souplesse (dérogations contrôlées).

 

L’offensive de la droite pour forcer au travail le dimanche s’appuie sur des «promesses» de compensation salariale. Certes, les salaires sont beaucoup trop bas et il faut les augmenter: mais pas en dégradant les conditions de repos.

 

Ceux des salariés qui réclament de «généraliser le travail le dimanche» ne comprennent pas que leur majoration (d’ailleurs souvent limitée à 30% parfois 50% très rarement 100%) est due au caractère exceptionnel de l’ouverture, mais qu’elle sera remise en cause s’il y a généralisation.

 

Les petits commerces y perdront

On nous dit que c’est pour stimuler le commerce: c’est stupide, cela fera disparaître des emplois. Le pouvoir d’achat n’étant pas extensible, ce qui sera acheté le dimanche ne le sera pas les autres jours. Seules les grandes surfaces tireront leur épingle du jeu. Il a été calculé que les petits commerces y perdraient 30.000 emplois (c’est ainsi que toutes les associations de petits commerçants sont CONTRE la généralisation de l’ouverture le dimanche). Les embauches qui auront lieu le dimanche se traduiront par des réductions d’effectifs le lundi et les autres jours...

 

Les sondages sérieux sont clairs: 85% des Français se prononcent CONTRE le fait de travailler eux-mêmes le dimanche [Il s'agirait plutôt de 64% des Français, selon un sondage de 2008, NDLR]. Infirmières ou traminots souffrent déjà pour obtenir dans les plannings surchargés, une fois toutes les 5 ou 6 semaines, un dimanche en famille...

 

Pourquoi faire subir cela aux autres, quand ce n’est pas nécessaire? Défendons le droit au repos dominical adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale en 1906. Mieux: revendiquons le rétablissement de la semaine de cinq jours, avec deux jours de repos consécutifs légaux pour tous. On travaillera mieux... pour travailler tous.

 

Gérard Filoche - source

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