Le philosophe, essayiste et amateur de football Alain Finkielkraut a été élu jeudi à l'Académie française dès le premier tour, par 16 voix sur 28 votants. Il prend le fauteuil 21, vide depuis la mort de son prédécesseur, Félicien Marceau, il y a deux ans. Sa candidature était loin de faire l'unanimité parmi les Immortels. Car s'il y a une chose qui n'effraie pas cet auteur, c'est la controverse.
- Un tempérament sanguin
Le philosophe n'est pas connu que pour sa prose, mais aussi pour ses coups de gueule. Son vieil ami l'écrivain Milan Kundera le décrit ainsi : "L'homme qui ne sait pas comment ne pas réagir."
Souvent invité des plateaux de télévision, Finkielkraut n'est pas toujours maître de ses émotions, comme lors de son fameux "Taisez-vous !" au scénariste Abdel Raouf Dafri lors de l'émission "Ce soir ou jamais" de Frédéric Taddeï.
- Lily de Pierre Perret
Lorsqu'en 2005 l'un des trois sujets de l'épreuve de français au bac est une chanson de Pierre Perret, Lily, Alain Finkielkraut s'insurge à l'antenne de la Radio de la communauté juive. Il dénonce "une propagande" de l'Etat, un sujet qui montre une France "raciste" et "intolérante".
Pour lui, Lily est une "chanson de propagande, aussi indigne que la propagande stalinienne, du stalinisme anti-raciste". Au contraire, Finkielkraut, fils d'un déporté revenu d'Auschwitz, naturalisé à l'âge d'un an, défend la France, "pays le plus hospitalier du monde".
- L'éternelle question d'identité
Son dernier livre, L'Identité malheureuse, porte sur l'identité française et l'immigration. Comme à chaque fois qu'il approche ces thématiques – Le Mécontemporain (Gallimard, 1991), La Défaite de la pensée (Gallimard, 1987) – il suscite la polémique.
Alors qu'il fait la promotion de ce livre paru en 2013, son auteur met en garde contre une immigration trop importante : il faut éviter que la France ne devienne "un parc multiculturel", elle doit "donner ce qu'elle a aux nouveaux arrivants (...), son passé, assimilé, digéré, recrée à chaque génération", déclare-t-il sur France 2.
- L'équipe française de football
En 2005, une pétition réclame son interdiction d'antenne après ses déclarations au quotidien israélien Haaretz sur la composition "black, black, black" de l'équipe de France de football.
"Les gens disent que l'équipe nationale française est admirée par tous parce qu'elle est 'black-blanc-beur'. En réalité, l'équipe nationale est aujourd'hui 'black-black-black', ce qui en fait la risée de toute l'Europe."
Ces propos gênent, Finkielkraut se défend. Interrogé par Le Monde sur ses déclarations dans le quotidien israélien, il répond : "Le personnage que désigne cet article m'inspire du mépris, et même du dégoût. Je ne suis pas ce frontiste excité nostalgique de l'épopée coloniale. J'essaie seulement de déchirer le rideau des discours convenus sur les événements actuels."
- Internet, "une malédiction"
Alain Finkielkraut: Internet est un "monde sans... par lemondefr
Invité par BFM-TV fin janvier, Finkielkraut s'emporte contre la "malédiction d'Internet" :
"Bien entendu ça rend énormément de services (...). Les chercheurs, les universitaires sont ravis, ils ne sont pas obligés d'aller en bibliothèque, les journalistes aussi peuvent constituer leurs dossiers beaucoup plus vite quand ils invitent des gens, etc. Mais je crois, moi, que dans cet univers de la communication, tout peut être dit (...). C'est quand même un monde sans foi ni loi. Il est interdit d'interdire, on le voit sur Internet (...)."
Il n'en est pas à son premier coup d'essai : sa méfiance envers Internet est connue des journalistes, qui l'interrogent souvent à ce sujet. Le philosophe ne déçoit jamais et, année après année, réitère son mépris à qui veut l'entendre.
Devant les journalistes d'Arrêt sur images, il critique "un asile pour les images, les photos, les conversations volées", "une poubelle de toutes les informations". En 2009, lorsque le Conseil constitutionnel se prononce sur la loi Hadopi, il dénonce sur France Inter "une décision absolument stupide" : "Les sages ont voulu devenir des jeunes."