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La loi sur le renseignement signe le retour en grâce des services secrets suisses

Publié par MaRichesse.Com sur 31 Août 2016, 04:38am

Catégories : #SUISSE

La loi sur le renseignement signe le retour en grâce des services secrets suisses

C'est un renouveau après des années de déboires. Lors de la votation du 25 septembre, les services secrets suisses devraient opérer un retour en grâce remarqué dans l'opinion publique. Les sondages anticipent un soutien massif à la nouvelle Loi sur le renseignement, qui doit leur donner des pouvoirs étendus de surveillance et d'enquête.

Après un long purgatoire, marqué par des scandales retentissants et de réformes difficiles, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) semble enfin inspirer confiance. Y compris dans l'administration fédérale, où l'on apprécie à nouveau son travail après une période d'indifférence glaciale.

«Ça fonctionne beaucoup mieux»

«Le service est infiniment meilleur qu'il y a 15 ans, atteste un fonctionnaire qui lit fréquemment les rapports du SRC. Dans la coopération avec le reste de l'administration, il y a eu des efforts énormes. Dans la coopération avec l'étranger aussi. Pour tous ceux qui les reçoivent ses informations [diplomates, procureurs, policiers fédéraux], la qualité de son travail est bien meilleure. Il y a 20 ans c'était abyssal. Aujourd'hui, ça correspond à ce que doit faire le service d'un pays de notre taille, avec les moyens qui sont les siens.»

Ce diagnostic est partagé par Alex Kuprecht, conseiller aux Etats UDC schwyzois, qui préside la délégation parlementaire de surveillance des services de renseignement. «C'est clair, la situation est est bien meilleure aujourd'hui. On a un service unique au lieu de deux. La coordination fonctionne beaucoup mieux avec le reste de l'administration.» Le Groupe Sécurité qui réunit les Affaires étrangères, le SRC et Fedpol donne une vue d'ensemble des informations sensibles et les fait circuler, ce qui faisait cruellement défaut auparavant.

Le point bas de l'an 2000

Le point bas des services suisses a été atteint au début des années 2000. A l'époque, les renseignements se divisent en deux services rivaux, SAP et SRS, respectivement chargés du renseignement intérieur et extérieur, qui se haïssent et font tout pour ne pas travailler ensemble.

En 1999, on apprend que le comptable du renseignement militaire, Dino Bellasi, a détourné 8,6 millions de francs. Le chef du service extérieur, Peter Regli, doit démissionner. Le Spiegel allemand parle de «gag» et s'amuse de «l'étrange dilettantisme qui caractérise le milieu suisse du renseignement», tandis que le Blick décrit les espions suisses comme une «Flop-Truppe».

A Berne, plus personne ne prend les services au sérieux. Leurs rapports ne sont pas lus, leur qualité est jugée «pitoyable», se souvient un initié. Le SRS et le SAP souffrent du syndrome du «désert des Tartares»: faute de menace tangible contre la Suisse, ils moulinent dans le vide, s'épuisent, se démotivent.

Neuf ans pour fusionner

Les attentats du 11 septembre 2001 mettront du temps à changer la donne. Un ennemi crédible, le djihadisme, réapparaît, Mais il faudra attendre neuf ans pour que les deux services coopèrent vraiment, en fusionnant au sein du SRC.

Cette fusion est le principal facteur du renouveau, disent aujourd'hui les connaisseurs du renseignement suisse. Elle permet au même service, à un même agent, de suivre un aspirant djihadiste de sa famille en Suisse à la frontière turco-syrienne. Avant 2010, SAP et SRS auraient dû se répartir la surveillance – une garantie d'inefficacité.

Le monde des bisounours est fini. On sait qu'un jour il y aura des attentats menés depuis ou contre la Suisse

L'intensification du terrorisme islamiste a aussi créé une prise de conscience dans l'administration fédérale. Il est désormais évident que le SRC sert à quelque chose. «Le monde des bisounours est fini, résume un fonctionnaire proche des services. On sait qu'un jour il y aura des attentats menés depuis ou contre la Suisse.» Les effectifs du SRC ont été augmentés et rajeunis. Le service échange davantage avec le reste de l'administration. Des diplomates du Département des Affaires étrangères (DFAE) se sont immergés au sein du service, et inversément.

«Il y a une politique à long terme qui encourage les consommateurs [DFAE, Ministère public, Police fédérale...] à demander plus, à demander mieux, ajoute notre fonctionnaire. Si tu produits des rapports qui n'intéressent personne, tu te décourages. Mais quand on te dit que c'est bien, que ça a apporté quelque chose lors d'une négociation, ou lors d'une prise d'otage, les gens se remotivent.»

Seiler le pacificateur

Le pilotage politique s'est amélioré. La cellule antiterroriste Tetra permet au SRC d'échanger des informations opérationnelles sur les «voyageurs du djihad» avec les juges et les policiers. Au niveau supérieur, le Groupe Sécurité qui comprend le SRC, Fedpol et le DFAE rassemble les informations sensibles et les transmet au Conseil fédéral. Le service de renseignement n'est plus isolé dans son Pentagone bernois, il est au coeur du réacteur sécuritaire, tout près du gouvernement.

Une partie du crédit en revient à son directeur, Markus Seiler. Un pur bureaucrate, très politique, choisi à ce poste parce qu'il n'était ni du SAP, ni du SRS. Et qu'il était trop libéral-radical pour Ueli Maurer, qui n'en voulait plus comme secrétaire général du Département de la Défense. «Au SRC, il fallait plutôt un politique pour rassurer, calmer, et c'est exactement ce qu'il a fait, commente un proche des services. Ce n'est pas un militaire, un policier ou un juge. Il a réussi à tuer la discussion sur la menace que son service présenterait pour la population. Les deux cultures incompatibles à l'interne, il a aussi su les gommer.»

Aujourd'hui, s'accordent nos intervenants, le SRC a atteint un niveau correct, sans être extraordinaire. Ses informations ne sont pas forcément très pointues. Selon un initié, «80 à 85% viennent de sources ouvertes, le reste de services étrangers», avec une petite part d'informations originales recueillies par ses soins

La nouvelle loi sur le renseignement devrait lui permettre de faire mieux. Les insiders bernois se demandent même si le service sera capable de gérer la masse d'informations supplémentaires que produiront ses nouveaux outils de surveillance. Des doutes et des inquiétudes subsistent donc – mais rien de comparable à ces limbes de ridicule et d'indifférence d'où reviennent les espions suisses.


 

Ces affaires qui ont embarrassé les espions suisses

L'affaire Bellasi

L’ex-comptable du Groupe de renseignement de l’armée suisse a été accusé d’avoir détourné près de 9 millions de francs entre 1994 et 1999, en falsifiant des mandats au nom du Département de la Défense. Il a été appréhendé le 12 août 1999, à Kloten, alors qu’il prenait la fuite avec une ex-cover girl devenue sa femme. L’affaire a beaucoup nui à la réputation des Renseignements et notamment à Peter Regli, poussé à la retraite anticipée. Dino Bellasi s’était défendu en prétendant qu’il avait agi sur ordre de ses supérieurs pour financer une sorte d’armée secrète. Mythomane menant un train de vie luxueux, il s’était constitué un véritable arsenal. Il a admis plus tard avoir inventé l’histoire de l’armée secrète. Condamné à six ans de réclusion pour escroquerie, faux dans les titres, blanchiment d'argent, dénonciation calomnieuse et port illégal d'arme, il est sorti de prison en 2003. L'affaire a au moins permis d'amorcer la réforme des Renseignements suisses. 

L'affaire Tinner

Mésentente totale entre les deux précurseurs de l'actuel service de renseignement, le SAP (intérieur) et le SRS (extérieur). Les deux branches échouent à communiquer sur le réseau de trafiquants nucléaires suisses, les Tinner, au service du père de la bombe atomique pakistanaise Abdul Kadeer Khan. Mal informé, négligeant les renseignements pointus dont dispose le SRS, le Conseil fédéral panique et détruit dans la précipitation des documents confidentiels, précieux pour l'enquête sur le réseau Khan. La fusion des services s'opérera suite à ce couac.

L'affaire Covassi

L’affaire Covassi, c’est celle de la «taupe» du Centre islamique du Genève (CIG) et de l’opération «Memphis». Décédé en 2013, Claude Covassi avait été enrôlé par le Service d’analyse et de prévention (SAP), par le biais de la police genevoise. L’informateur a défrayé la chronique entre 2006 et 2007 en accusant, deux ans après sa mission et alors qu’il s’était converti à l’islam, le Département fédéral de Justice et police d’avoir tenté illégalement de compromettre le directeur du CIG, Hani Ramadan. En mai 2007, la Délégation des commissions de gestion du Parlement a conclu que ses allégations étaient fausses.

L'affaire du fichier ISIS

En 2010, on découvre que le SAP, l'un des précurseurs du nouveau SRC, accumulé inutilement des milliers de données personnelles sur des résidents suisses. Le SRC doit réduire de 200 '000 à 54 '000 personnes le nombre d’individus répertoriés dans son fichier sur la sûreté de l’Etat, ISIS. Le problème mettra quatre ans à être résorbé. 

Le vol de données de 2012

C’est l’histoire d’un informaticien du SRC qui parvient à quitter son lieu de travail avec plusieurs terabytes de données sensibles dans son sac, dans le but de les vendre à des services de renseignement étrangers. L’affaire remonte à mai 2012. Ce n’est que grâce à UBS que le SRC a été informé du vol: un employé de banque, trouvant suspect que l’informaticien tente d’ouvrir un compte à numéros, a tiré la sonnette d’alarme. Ce vol aurait pu se révéler catastrophique si certaines données étaient tombées en de mauvaises mains. Ueli Maurer a reconnu la gravité de l’affaire: «Nous avons pu éviter le pire, mais nous avons eu de la chance», a-t-il déclaré dans les médias. 

L'affaire Giroud

En 2014, un agent du SRC est arrêté par la justice genevoise. Il aurait prêté la main à l'espionnage de journalistes du Temps et de la RTS par un détective privé, sous mandat de l'encaveur valaisan. L'affaire expose certaines méthodes du service, comme la rémunération de détectives privés contre des informations. L'agent impliqué a été limogé.  

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