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Nice : la chef de la vidéosurveillance évoque des pressions de l'Intérieur

Publié par MaRichesse.Com sur 24 Juillet 2016, 03:02am

Catégories : #POLICE, #FRANCE

Nice : la chef de la vidéosurveillance évoque des pressions de l'Intérieur

Depuis une semaine, chacun se renvoie la balle. Le drame de Nice a révélé des failles dans la sécurité et la bataille s'est engagée entre l'ex-maire de Nice et président de la région Paca, Christian Estrosi, et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. « Mensonge d'État », pour Estrosi ; rapport de la police des polices commandé par Cazeneuve. On s'accuse, on réplique, on s'invective. Et le témoignage de Sandra Bertin, la patronne de la vidéosurveillance de Nice, dans le Journal du dimanche, ne risque pas d'apaiser les tensions. Elle revient sur cette terrible soirée, accuse et dénonce les pressions. 

 

« C'était l'horreur »

« Je me rappellerai toute ma vie de cette heure-là : 22 h 33. » Sandra Bertin, chef du Centre de supervision urbain (CSU), est à son poste pour le feu d'artifice du 14 Juillet. Elle reçoit des policiers municipaux le signalement d'un camion fou. « Nous récupérons tout de suite son image à l'écran [...]. Le camion était lancé à 90 km/h, sans phares, sans qu'on l'entende à cause du bruit. Il contourne le barrage de la police municipale. Les équipes n'ont pas pu l'arrêter. On ne crève pas les pneus d'un 19 tonnes avec un revolver », détaille-t-elle au JDD. Les policiers municipaux en civil, non armés, ne peuvent rien faire. Finalement, l'intervention héroïque de civils ralentit la course folle et les policiers municipaux neutralisent Mohamed Laouhaiej Bouhlel. « C'était l'horreur. J'ai vu le fauchage des passants sur la route du camion, mes collègues faire des massages cardiaques à des enfants, se souvient Sandra Bertin. Cet individu, je l'ai vu trois secondes sur nos caméras couleur. C'était très furtif [...]. J'ai tout de suite pensé à une attaque terroriste. »

Après l'intervention – « ce soir-là, le terroriste est neutralisé en une minute, contre deux heures au Bataclan » –, les questions se posent. Nice, à la pointe de la vidéosurveillance, aurait-elle pu éviter cette attaque en enquêtant sur un poids lourd circulant dans la ville depuis plusieurs jours alors que c'était interdit ? « Si nous l'avions vu sur la promenade [...], nous aurions relevé l'infraction [...]. Des infractions au Code de la route, il y en a tous les jours, mais tout le monde n'est pas verbalisé », se justifie-t-elle dans le JDD, ajoutant : « Le problème, c'est qu'il n'est pas aberrant de voir un camion de 19 tonnes sur la promenade des Anglais. » 

 

Harcelée pendant une heure pour un rapport

Puis vient le temps des polémiques. Sandra Bertin, qui est également secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT) de Nice et cosignataire d'une lettre ouverte à Manuel Valls déplorant le manque de considération de la police municipale par le gouvernement, n'hésite pas à évoquer les pressions exercées par la sous-direction antiterroriste et le ministère de l'Intérieur. Dès le vendredi, elle est mise en relation avec une « une personne pressée » de la place Beauvau qui lui demande « un compte rendu signalant les points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité ». « Je lui ai répondu que je n'écrirai que ce que j'avais vu. Or la police nationale était peut-être là, mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos, confie-t-elle. Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par email une version modifiable du rapport, pour ne pas tout retaper. J'ai été harcelée pendant une heure, on m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran. À tel point que j'ai dû physiquement renvoyer du CSU l'émissaire du ministère ! J'ai finalement envoyé par email une version PDF non modifiable et une autre modifiable. » Quelques jours plus tard, la sous-direction antiterroriste demandait à effacer les bandes pour éviter les fuites dans la presse, ce que la mairie de Nice refuse. « Il n'y a jamais eu de fuite d'images de notre part », s'insurge dans l'hebdomadaire Sandra Bertin. 

 

Cazeneuve dénonce des accusations indignes

Dans une déclaration à l'AFP, le procureur de la République de Paris a affirmé que c'est sous sa « seule autorité et pour les besoins de l'enquête en cours que, le 15 juillet, deux brigadiers-chefs ont été envoyés au CSU de Nice ». « Jusqu'à l'ouverture de l'information judiciaire » jeudi, « l'enquête a été conduite exclusivement par le parquet », a ajouté François Molins.

Cette bataille très politique semble déplacée au vu du bilan de cette attaque : 84 morts et des centaines de blessés. Jeudi, le quotidien Libération révélait qu'une seule voiture de police municipale barrait l'entrée de la zone piétonne de la promenade des Anglais. Bernard Cazeneuve a qualifié de « contre-vérités » ces informations. Le ministre n'a pas tardé à réagir aux propos de Sandra Bertin. Dans un communiqué de presse, il annonce porter plainte pour diffamation. Il explique que l'enquête est placée sous l'autorité de François Molins. « Contrairement à ce que Mme Bertin affirme, ce n'est donc en aucun cas le cabinet du ministre de l'Intérieur qui a envoyé un commissaire au CSU ou qui aurait eu des échanges avec elle », peut-on lire dans le communiqué, qui demande que la chef de la vidéosurveillance soit entendue par des enquêteurs pour révéler l'identité des personnes « qu'elle met en cause ». Cazeneuve regrette « ces accusations indignes » et appelle « chacun à reprendre ses esprits ».

 

 

Dans l'entretien au JDD, la chef de la vidéosurveillance nie pour autant une guerre des polices (entre policiers municipaux et nationaux). « Nous collaborons très bien. Tous les agents sur le terrain ce soir-là, quels qu'ils soient, ne comprennent pas la réaction de l'État. L'ennemi, c'est le terroriste », conclut-elle.  

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