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Manuel Neuer, le verrou de l'équipe d'Allemagne

Publié par MaRichesse.Com sur 7 Juillet 2016, 04:56am

Catégories : #ALLEMAGNE, #PEOPLE, #FOOTBALL

Manuel Neuer révolutionne depuis deux ans le poste de gardien de but. Portrait d’un héros de la Mannschaft qui pourrait écœurer les attaquants français ce jeudi soir en demi-finale de l’Euro

 

Manuel Neuer, le verrou de l'équipe d'Allemagne

Les Français, qui affrontent jeudi soir l’Allemagne et le fantôme de Séville en demi-finale de l’Euro 2016, le savent mieux que quiconque: dans la Mannschaft, il y a toujours un Müller pour marquer des buts et un grand gardien pour ne pas en prendre. Héritier direct de Sepp Maier, Harald Schumacher et Oliver Kahn, Manuel Neuer (30 ans) est aujourd’hui le meilleur gardien de but d’Allemagne. C’est-à-dire du monde. En quart de finale contre l’Italie, ses mains ont détourné les penalties de Bonucci et Darmian, son envergure et sa réputation ont incité Zaza et Pellè à tirer n’importe comment.

«Deutschland über alles», donc, mais dans un style radicalement différent de ses prédécesseurs. Avant, le gardien de but était au mieux une grande gueule, au pire un fou furieux; dans tous les cas un casse-cou à peine plus sociable que l’ailier gauche. Dans le casting de «La Grande Evasion», le gardien c’était Steve McQueen (qui d’ailleurs passe son temps à attraper une balle).

Il n’est pas expressif comme peuvent l’être Casillas ou Buffon. Lui, c’est un professeur, un type toujours calme, presque pâle

Aujourd’hui, le numéro 1 se distingue par son calme et sa capacité d’analyse. Comme le Français Lloris, le Belge Courtois, le Suisse Sommer, l’Espagnol De Gea, Manuel Neuer a des airs d’étudiant à l’EPFL, pas de tatouage et une coupe de cheveux bien propre qui fait la joie de sa maman. «L’Allemagne a toujours eu de bons gardiens, mais lui est à part», observe l’écrivain bernois Pedro Lenz, auteur du best-seller «Der Goalie bin ig». «Ce n’est pas un ouvrier, comme Oliver Kahn ou Harald Schumacher. Il n’est pas non plus expressif comme peuvent l’être Casillas ou Buffon. Lui, c’est un professeur, un type toujours calme, presque pâle, avec ce visage impassible de bouddhiste zen.»

Manuel Neuer et Gianluigi Buffon au stade de Bordeaux, le 2 juillet 2016.-- / © Reuters Staff / Reuters
Deux heures sur le fil du rasoir

Mais c’est surtout sur le terrain que le style Manuel Neuer fait école. Il s’est imposé comme la figure de proue de la nouvelle génération lors de la Coupe du monde 2014 au Brésil. Sur un seul match: un huitième de finale contre l’Algérie, le 30 juin 2014 à Porto Alegre, remporté 2-1 après prolongations. Dans l’histoire du poste de gardien de but, il y aura un avant et un après ce 30 juin. Dans la touffeur du Rio Grande Do Sul, Neuer livre une prestation hallucinante. Près de deux heures sur le fil du rasoir. Les statisticiens n’en reviennent pas: le gardien allemand sort 19 fois au-delà de sa surface pour couper les contres algériens et pallier la lenteur de sa défense centrale. Un véritable numéro d’équilibriste qui sauve l’Allemagne et stupéfie le monde. En impro totale, il réinterprète son rôle. Depuis, tous les grands clubs européens exigent de leurs gardiens qu’ils sachent jouer loin de leur but et aux pieds aussi bien qu’avec les mains.

Neuer reste toujours calme et concentré. Il agit toujours dans le sens du rythme de l’action dans l’espace

L’ancien spécialiste allemand Andreas Köpke a résumé l’impact de cette performance dans une formule restée célèbre: «Manuel est le meilleur libéro allemand depuis Franz Beckenbauer!» Une boutade que le Genevois Thierry Barnerat peine à prendre au sérieux. «Neuer ne joue pas plus loin de ses buts que ses collègues», observe cet instructeur FIFA. «Il décide simplement plus vite de sortir de sa surface.» Pour les profanes, imaginez-vous au volant d’une voiture qui dérape dans un virage. «Si vous êtes tétanisé, reprend Thierry Barnerat, si vous êtes dans l’émotion, vous n’aurez pas le geste juste, vous freinerez trop tard ou trop fort. Neuer, lui, reste toujours calme et concentré. Il agit toujours dans le sens du rythme de l’action dans l’espace.» En clair, Neuer calcule tous les paramètres, vitesse du ballon, course de l’attaquant, position des défenseurs, temps d’intervention nécessaire, en un temps record. Et il décide. Sortir. Rester dans ses buts. Se coucher bas comme un gardien de hockey. Faire écran debout comme un gardien de handball. Et relancer, vite, loin et précis, des deux pieds.

 

Démarquage et appel de balle

Ancien gardien de Servette et Saint-Gall dans les années 90, Eric Pédat a déjà vu aussi fort ou aussi aventureux, mais jamais les deux à la fois. «Techniquement, Neuer n’est pas forcément meilleur qu’un Oliver Kahn [3e du Ballon d'or en 2002, ndlr] ou qu’un Gianluigi Buffon [2e en 2006, ndlr]. Ce qui est vraiment nouveau avec lui, c’est la prise de risque hors de sa surface. Il ne se contente pas de sortir pour sauver sa défense; il se démarque, appelle la balle et crée le danger offensivement.»

Après sa démonstration contre l’Algérie, Neuer avait (déjà?) dégoûté la France. Ce soir-là, il est alors un chêne qui ne rompt ni ne plie. Les tirs français rebondissent sur son corps comme des flèches qui ricocheraient sur une cuirasse. En finale, son jeu à risque lui fait d’abord faire une «Schumacher» lorsqu’il percute assez grossièrement et très fautivement l’attaquant argentin Gonzalo Higuain. «Là, il a fait une erreur de calcul, décrypte Thierry Barnerat. Mais il est resté très calme, ce qui montre deux autres de ses qualités: il va toujours au bout de son idée, et il reste toujours serein.»

Brutale mise en avant

Calme et brutalité, deux constantes dans son parcours. Né le 27 mars 1986 à Gelsenkirchen, dans le quartier du club phare de la ville, Schalke 04, il franchit tranquillement les échelons dans les équipes de jeunes du «Null Vier». A 20 ans, il passe subitement des tribunes au terrain. Après sa première titularisation, Schalke 04 enchaîne 12 matches sans défaite et n’encaisse que huit buts. «La perche» devient bien vite l’idole de la Veltins-Arena. Le phénomène est lancé. Champion d’Europe espoirs en 2009 avec les M21 allemands, il débute dans la Nationalmannschaft de manière précipitée: le titulaire Jens Lehmann a pris sa retraite et le numéro 2, Robert Enke, s’est suicidé. Le 1er juin 2011, il signe au Bayern Munich. La légende dit que Vladimir Poutine – Schalke est sponsorisé par Gazprom – a tenté de s’opposer à son transfert. Lorsque trois mois plus tard, Neuer est de retour à Gelsenkirchen dans les buts de l’ennemi bavarois, ce n’est pas une rumeur qu’il entend 90 minutes durant mais la bronca du public. Sous les huées, il sort un grand match.

Finalement, le Ballon d’or est le seul ballon qu’il ne parvient pas à capter. En janvier 2015, on lui promet la récompense, que les gardiens n’ont plus remportée depuis Lev Yachine en 1963. Il n’y croit pas («Je ne suis qu’un gardien de but, moche et Allemand») et il a raison. Ce sera Messi, comme chaque fois que ce n’est pas Cristiano Ronaldo. Il hausse ses larges épaules. Lui a gagné la Coupe du monde, et peut-être l’Euro dimanche. 

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