Votre enfant ne sera jamais à la hauteur de vos rêves

Quand vous êtes enceinte, vous ne comprenez pas pourquoi les lois de l’évolution biologique ont maintenu un temps de gestation de neuf mois. Puisque nos corps sont programmés pour s’adapter à nos modes de vie, il paraît clair que le temps de gestation de la femme est inéluctablement appelé à diminuer.

Et puis, une amie vous dit:

«Oui mais c’est aussi le temps dont a besoin ton cerveau pour créer un bébé parfait et en faire le deuil pour pouvoir accueillir le bébé réel.»

Ah.

Au début ça vous semble être une belle connerie de hippie psychanalyste ça. Genre, en fait, vous auriez attendu deux enfants? Pfff…

Et puis vous accouchez. Et vous découvrez que oui, vous attendiez vraiment deux enfants. Un enfant qui dès l’âge de 1 mois aurait été hilarant, gentil, empathique, discret, vif et chevelu. Et un enfant qui à 1 mois vous gerbe systématiquement l’intégralité de ses biberons, hurle de douleur, vous tape, n’obéit jamais à rien, et qui, un jour, se met à ricaner en vous regardant pleurer d’épuisement. (Ce jour-là, vous croyez avoir enfanté Satan mais, en fait, il paraît que c’est normal.)

L'apprentissage des parents

C'est à ce moment-là que vous comprenez qu’être parent, c’est un curieux mélange entre transmettre des valeurs, ce sur quoi on a décidé qu’on ne transigerait pas, et accepter son enfant tel qu’il est. Ça peut paraître évident, mais ça demande un véritable travail sur soi. Accepter qu’il ne sera pas le meilleur en [choisissez], accepter qu’il ne s’intéressera sans doute pas du tout aux mêmes choses que nous. C’est un apprentissage de parents qui se fait avec le temps, lentement, à mesure que l’enfant grandit et qu’on le voit prendre un chemin différent de celui qu’on avait imaginé.

Certains parents ne font pas ce chemin. Ils sont restés dans le village de départ, ils traînent à la terrasse du bar «Mon enfant est parfait». On les reconnaît à ce qu’ils surinterprètent le moindre geste de leur progéniture. C’est le parent qui va dire avec émerveillement «regarde, c’est dingue ce qu’il est débrouillard» parce que son môme vient de se moucher dans son pull.

À l’inverse, d’autres parents doivent faire ce chemin en accéléré. C’est le cas de Caroline Boudet. Quand elle apprend, après son accouchement, que sa fille est porteuse de trisomie 21, elle se prend le décalage entre l’enfant rêvé et l’enfant réel en pleine gueule. Ce qu’elle raconte dans La Vie réserve des surprises nous concerne tous, ne serait-ce que parce que tous les futurs parents se sont posés la question: et si mon enfant avait un handicap, comment je ferais? Il était donc impératif de l’inviter pour discuter avec nous, dans ce nouveau podcast sur la parentalité, pour qu’elle nous raconte son expérience et surtout pour qu’elle nous fasse profiter de son avance sur le chemin. N’ayez pas d’inquiétude, on n’a pas fait un remake des émissions de Delarue. Pas de larmes, pas de mouchoirs (ni de perruques), on a discuté, on a fait des blagues et on en est sorties un peu moins bêtes.  

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