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Ces employés qui volent leurs entreprises

Publié par MaRichesse.Com sur 2 Juin 2016, 05:16am

Catégories : #ENTREPRISE, #EMPLOI, #TRAVAIL

Ces employés qui volent leurs entreprises

En Suisse, près de 40% des vols et des détournements commis au sein des entreprises sont le fait des employés eux-mêmes. Les répercussions financières sont conséquentes: une étude conduite par KPMG en 2013 a ainsi estimé les pertes autour de 70 000 francs par entreprise.

Existe-t-il un profil type du voleur? Qui commet ces délits économiques? Pour peu que le jeu en vaille la chandelle, à peu près tout le monde, répondent Steven D. Levitt et Stephen J. Dubner dans leur livreFreakonomics. Vous êtes sans doute en train de vous dire «non, pas moi, jamais, quel que soit l’enjeu». C’est alors que vous revient en mémoire le jour où, au bureau, vous deviez impérativement poster une lettre privée et n’aviez pas de timbre. Vous avez alors pris un timbre de l’entreprise en vous jurant de rembourser dès le lendemain. Ce que vous n’avez pas fait, par oubli ou par paresse. «Tricher est un acte économique primordial: c’est obtenir davantage en donnant moins, expliquent Steven D. Levitt et Stephen J. Dubner. Ce n’est donc pas l’apanage des plus connus – PDG coupables de délits d’initiés, politiciens profiteurs – mais concerne aussi la serveuse qui empoche les pourboires au lieu de les mettre dans le tronc commun, ou le chef comptable du supermarché qui, dans l’ordinateur, rogne les heures accomplies par ses collègues pour donner meilleure allure à ses propres horaires.»

Les cadres supérieurs, un groupe à risque

Une étude conduite par PwC en 2014 nuance cependant ces propos. Selon le cabinet d’audit, les hommes entre 41 et 50 ans qui ont passé plusieurs années dans l’entreprise constituent le groupe le plus à risque (60% des cas étudiés). Les cadres moyens et supérieurs sont par ailleurs davantage concernés que les autres employés, selon KPMG. Une différence que Martin Killias, professeur à l’université de Zurich, explique par le fait qu’un poste élevé donne davantage de possibilités de tromperie.

Quelles circonstances incitent les employés à voler ou détourner des biens appartenant à l’entreprise? La réponse à cette question dépend en grande partie de la personne à laquelle on la pose. Pour les experts en sécurité industrielle, les individus profitent du laxisme des contrôles et des circonstances favorables qui se présentent. Les criminologues y voient, quant à eux, la conséquence des pressions financières (difficultés pécuniaires, notamment) ou de certains travers (dettes de jeu, par exemple). Enfin, les psychologues estiment que les individus volent lorsqu’ils disposent d’arguments justifiant leur comportement («tout le monde le fait», «cette compagnie gagne tellement d’argent qu’elle ne risque pas de couler pour si peu», «ça compensera tout ce qu’ils m’ont fait subir», etc.).

Selon Paul Feldman, la réponse est cependant à chercher ailleurs. Pendant de nombreuses années, cet économiste a livré des corbeilles de bagels à plus de 140 entreprises nord-américaines. Son commerce, entièrement fondé sur la confiance, fonctionnait comme suit: tôt le matin, il déposait les petits pains et une tirelire pour mettre l’argent – 1 dollar par bagel – dans les salles de repos des entreprises. En fin de matinée, il récupérait l’argent et les bagels restants. Autrement dit, en l’absence de surveillance, chacun était libre de se servir et de laisser – ou pas – son billet vert, voire même de partir avec la caisse.

Depuis le premier jour, Paul Feldman a tenu ses livres de compte, de sorte qu’en comparant l’argent récolté au nombre de pains vendus, il a pu évaluer, au centime près, l’honnêteté de ses clients, mais aussi ce qui distingue une entreprise où les employés volent d’une autre.

La honte a un effet dissuasif

Les données révèlent que les employés travaillant dans une petite entreprise comptant quelques dizaines d’employés sont plus honnêtes que ceux des grandes. «Intuitivement, on aurait pu croire qu’une population plus fournie, du fait qu’elle comporte davantage de témoins vous incitant à payer, aurait un effet inhibiteur, observent Steven D. Levitt et Stephen J. Dubner. Mais à comparer ainsi grosses et petites entreprises, on remarque un point commun entre le vol de bagels et la délinquance de rue. En effet, il y a bien moins de crimes par tête d’habitant en zone rurale qu’en ville, principalement parce que le criminel a plus de risques d’y être connu (et donc pris).» De plus, une petite communauté produit globalement un effet plus dissuasif sur le délit, notamment par le truchement de la honte.

Sur les quelque 7000 tirelires qu’il sème partout chaque année, Paul Feldman ne s’en fait voler en moyenne qu’une. Autrement dit, ceux-là même qui volent quotidiennement ses bagels ne s’emparent jamais de l’argent, ce qui laisse entrevoir toute la complexité sociale du calcul relatif au vol. En effet, si l’employé considère que voler une tirelire remplie d’argent est un délit, il n’en va pas de même d’un bagel à un dollar.

Autre facteur à considérer: la météo. Les statistiques de Feldman nous montrent par exemple que le climat est un facteur déterminant qui influence grandement l’honnêteté. Lorsque le temps est au beau fixe, les clients sont plus nombreux à payer. A l’inverse, s’il pleut des trombes ou que le vent souffle fort, les vols prolifèrent.

Des angoisses en cause

Les vols augmentent aussi sensiblement lors de la semaine de Noël ou de la St-Valentin. A l’inverse, d’autres périodes de congés sont plutôt favorables, notamment la semaine de la fête nationale, celle de la Fête du Travail et celle de la célébration de la découverte de l’Amérique. Qu’est-ce qui distingue ces deux types de vacances? «Les fêtes à l’occasion desquelles les vols augmentent sont celles où chacun est en proie à des angoisses de toutes sortes», analysent Steven D. Levitt et Stephen J. Dubner.

Que peuvent faire les managers pour réduire le vol des employés? Les experts recommandent des mesures de contrôle à la fois préventives, continues et rétroactives. Les premières consistent à approfondir les enquêtes avant embauche et à établir un règlement spécifique donnant une définition précise du vol et des procédures disciplinaires applicables. Les secondes consistent quant à elles à respecter les employés – ceux qui apprécient leur patron et leur travail sont généralement plus honnêtes que les autres – mais aussi à communiquer ouvertement les coûts engendrés par le vol. Enfin, les mesures rétroactives consistent à évaluer la culture de l’entreprise et les relations entre managers et employés et à redéfinir, si besoin, les mesures de contrôle.

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