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Pourquoi la guerre contre les drogues a échoué

Publié le 21 Avril 2016, 09:39am

Catégories : #MONDE, #TABAC

Pourquoi la guerre contre les drogues a échoué

Après quarante ans de politique répressive contre la drogue jugée inefficace, l'ONU opère un virage important en privilégiant désormais la prévention et les soins.

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     Pourquoi la guerre contre les drogues a échoué

Une session extraordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU concernant la drogue se tient jusqu’à ce jeudi à New York. Le but : changer une politique sur les stupéfiants qui se résume depuis quarante ans au «tout répressif». Alors que de nombreux experts pointent les effets pervers qu’a engendré cette «guerre contre les drogues», initiée par le président américain Richard Nixon au début des années 1970, l’ONU présente actuellement un projet de résolution qui privilégie la prévention et les soins.

Quelles ont été les conséquences de cette politique répressive ?

Selon le rapport mondial publié en 2015 par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, 246 millions de personnes, soit une personne sur vingt entre 15 et 64 ans, a consommé de la drogue en 2013. Le «monde sans drogues», dont rêvait la précédente Assemblée générale de l’ONU en 1998, est un échec. «Ce n’est pas parce qu’on a interdit à une époque l’avortement que cela a empêché les femmes de se faire avorter, et ce au péril de leur vie. De la même manière, interdire la drogue n’empêche pas les gens d’en consommer et de prendre des risques», analyse Olivier Maguet, administrateur de Médecins du monde.

Selon plusieurs experts, cette répression massive a provoqué de graves conséquences sanitaires. Beaucoup d’usagers ont été infectés par le VIH ou l’hépatite C. C’est le cas en Russie, où «le nombre de séropositifs a doublé ces dernières années, alors que la tendance mondiale est à la baisse», déplore Olivier Maguet. Une conséquence selon ce spécialiste de «la politique absurde et contre-productive du pays, qui interdit les traitements de substitution [qui évitent l’injection ndlr].» 

Même constat d’échec au point de vue sécuritaire, avec une hausse de la criminalité, des trafics et des marchés parallèles. Le Mexique en est le parfait exemple. En 2006, l’ex-président Felipe Calderón lance une véritable guerre contre les narcotrafiquants en faisant appel à l’armée. Résultat : plus de 70 000 morts en six ans et une production et une consommation qui ne fléchissent pas. A noter que cette politique répressive a un coût, estimé à 1 000 milliards de dollars par an à l’échelle mondiale.

Que va changer le plan de résolution de l’Onu ?

Ce texte, préparé en mars à Vienne et adopté dès l’ouverture de la session mardi, privilégie désormais la prévention et l’accès aux soins à la répression. Les Etats appellent également à la mise en place de «peines proportionnées à la gravité des infractions». La peine de mort pour des délits liés à la drogue est en effet toujours appliquée dans de nombreux pays, parmi lesquels l’Arabie Saoudite, la Chine, l’Indonésie ou encore l’Iran. Pays qui n’ont, semble-t-il, aucune intention d’assouplir leurs lois. «Chaque Etat a le droit souverain de décider de son système judiciaire», a   ainsi rétorqué le représentant indonésien.

 

Si le projet de résolution marque une rupture avec quarante ans de politique répressive, il n’a pas de valeur contraignante. «Il n’y a pas une contrainte juridique en tant que telle, les Etats ne seront pas sanctionnés, mais cette convention a néanmoins une valeur d’engagement», souligne Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération addiction, actuellement à New York. 

Cette session est-elle le signe d’un changement des mentalités concernant les drogues ?

Alors que la session extraordinaire de l’ONU devait se tenir à l’origine en 2019, la date en a été avancée à l’initiative des chefs d’Etat du Mexique, de la Colombie et du Guatemala, pays qui ont beaucoup souffert de cette guerre contre la drogue. «Le fait que ce soient des chefs d'Etat et de gouvernement qui admettent leur erreur a un poids», analyse Olivier Maguet. «A cela s'ajoute la prise de parole des économistes, qui n’étaient pas forcément attendus sur ce sujet», poursuit-il. En 2014, la London School of Economics a publié un rapport sur l’échec de quarante ans de politique prohibitionniste pour lutter contre la drogue.

Cet événement intervient également dans une période où de nombreux pays, las d’une répression inefficace, ont décidé d’expérimenter de nouvelles approches. «Une trentaine d’Etats dans le monde ont modifié leurs lois sur les drogues qui dataient des années 1970», constate Olivier Maguet. Fin 2013, l’Uruguay a été le premier pays au monde à légaliser la production, la distribution et la consommation du cannabis. Les Etats du Colorado et de Washington aux Etats-Unis ont eux aussi décidé de légaliser la consommation de cannabis à des fins récréatives. En Europe, c’est le Portugal qui ouvre la voie en 2000 en décidant de décriminaliser l’usage personnel de toutes les drogues. 

Pourtant, certains pays demeurent réfractaires à un changement de politique, à l’image de la Russie, la Chine ou encore le Pakistan. «Pour eux, la question de la réduction des risques ou des traitements de substitution n’est pas concevable», explique Nathalie Latour. Ces Etats s’inquiètent également de voir une généralisation de la dépénalisation du cannabis. «Cette session a le mérite de permettre à la société civile de s’exprimer, concède Olivier Miguet, mais ce n’est pas un outil magique, le chemin sera encore long.»

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